L'histoire d'Ebly n'est pas banale, mais, malheureusement ni rare non plus, pour les chats de la campagne.
Ebly est un beau matou gris et blanc qui vit à Amance depuis bientôt 2 ans, deux années à gambader dans les prés l'été et à dormir bien au chaud dans les greniers l'hiver.
Ebly n'affectionne pas spécialement les autres chats, et ne recherche les papouilles que lorsqu'il l’a décidé, cette vie de bohème lui convient.
Mais un beau jour d'été, à jamais sa vie a basculé.
Comme tous les matins Ebly était présent pour attendre la gamelle. Une fois repu, dans la cour, il se dora la pilule au soleil ; puis comme à son habitude la digestion faite il parti chasser mulot et souris dans les grands champs aux alentours.
Vers 13H30 nous avons entendu un hurlement à faire froid dans le dos, nous sommes allés voir, quand soudain nous avons vu au loin Ebly revenir des champs, il avait une démarche étrange, et semblait avoir mal à une patte.
Nous partîmes donc à sa rencontre, après quelques minutes de recherche toujours rien. Puis, en bas des escaliers une grosse tache de sang, nous suivons donc les traces laissées, jusqu'au moment où elles s'arrêtent net.
Je me glisse au sol, et là sous un gros meuble le petit Ebly était caché.
Nous le récupérons et là l'horreur absolue, Ebly a les pattes déchiquetées, il y a beaucoup de sang.
Il ne lui reste que la patte avant droite intacte, les doigts de sa patte avant gauche sont sectionnés et pendent par un minuscule bout de peau, quant à ses pattes arrières, l'une, dont il ne lui reste que le coussinet central, a perdu net tous ses doigts qui doivent traîner quelque part.
L’autre, est la plus horrible à voir. La patte est littéralement déchiquetée, en lambeau, l'os est brisé, son extrémité est retenue par de la chair. Plein de petits morceaux d'os sont apparents et incrustés dans les tissus, il la traîne comme un poids mort.
Et pourtant il s'est laissé extraire de sa cachette sans la moindre résistance ni agressivité, pas un miaulement, et s'est laissé installer dans le transporteur sans la moindre réaction de défense.
En toute urgence, direction le vétérinaire, l'état d'Ebly est critique, il a perdu beaucoup de sang. Ebly est pourtant conscient, et me regarde durant le trajet, se tourne et se retourne en essayant de trouver la position le plus confortable possible. Ebly fait preuve d'une résistance incroyable
Arrivé chez le véto, Ebly est admis en urgence, je le sors de son transporteur pour montrer l'ampleur des « dégâts ».
Malgré le fait qu'il n'a plus qu'une patte valide, Ebly essaie de toutes ses forces de bouger de la table de consultation, il marche, enfin il essaie, s’appuyant sur ses pattes sanglantes et pendantes. Aucun miaulement plaintif, aucune agressivité, Ebly est juste apeuré et essaie de retrouver un coin paisible. Le vétérinaire le tranquillise tout de suite pour qu'il ne souffre pas, et qu'il puisse l’examiner afin de voir si il y a quelque chose à faire. Après examen et réflexion, une opération sera tentée, donc direction le bloc.
Après 45 min de chirurgie, Ebly ressort du bloc avec 3 beaux pansements, de belles sutures et un bon bout de patte en moins.
Le vétérinaire, au vu des lésions, a fait ce qu'il était possible de faire. Il a amputé la patte arrière à hauteur de l'os sectionné. Pour la patte avant, les doigts qui étaient sectionnés ont été enlevés et il ne lui reste plus qu'un bout de gros coussinets et un doigt. Quant à la patte arrière gauche il a suturé autour du gros coussinet central.
Mais le plus dur reste à venir. Les sutures risques de lâcher car il n'y avait presque plus de peaux pour les maintenir.
Pas sûr non plus qu'il se remette du choc de l'accident et du traumatisme de l'amputation, son petit corps à beaucoup de choses à accepter d'un coup.
Sans parler des risques de septicémie et autres infections, car des champs aux greniers Ebly a traîné ses pauvres pattes dans tout un tas de saloperies.
Cette triste aventure est arrivée il y a 1 semaine et demi, aujourd’hui Ebly est toujours vivant et se bat encore.
Son bout de patte arrière s'infecte et il faudra sûrement l’opérer à nouveau. Depuis 3 jours il a été mis sous perf car il ne mange plus assez.
Mais malgré les douleurs, les bandages, Ebly adore avoir de la visite, et se montre très très câlins. De la reconnaissance, car il se rend compte que nous avons tout fait pour l'aider ? Peut être, mais je pense surtout un grand besoin de lui montrer qu'il n'est pas seul, un moyen d'oublier un peu la cage, la solitude et la douleur.
Maintenant il sait que nous lui apportons du bien être et il en redemande.
Ebly est un battant, il a réussit malgré l'accident, malgré la douleur, à revenir jusqu'à chez lui, à monter les escaliers pour venir se cacher là où il se sentait en sécurité.
C'est incroyable cette volonté, cet instinct de survit, il a tout donné pour revenir chez lui.
Et pour cela, Ebly mérite que les gens connaissent son histoire.
Il est bien évident qu'une fois remis sur pied Ebly ne pourra pas être remis chez lui, dans la grange, impossible pour lui d'y vivre avec une seule patte valide.
Il sera donc mis en cage jusqu'a ce qu'une famille lui ouvre ses portes. C'est une nouvelle vie qu'Ebly va devoir commencer, mais pour cela il faut qu'il s'accroche encore.
Voilà l'histoire d'Ebly, le chat qui est passé sous une moissonneuse et qui se bat pour vivre.
Visible à la SPA d'Amance
03 83 31 16 73